DÉCÈS DE JOYCE ECHAQUAN : IL EST PLUS QUE TEMPS D’AGIR

Le Parti communiste du Québec condamne le racisme dont a été victime Joyce Echaquan, femme Attikamekw de 37 ans et mère de 7 enfants, admise à l’hôpital de Joliette samedi dernier pour des douleurs au ventre et décédée lundi dernier, le 28 septembre. Nous exprimons nos plus sincères condoléances à la famille et aux proches de Mme Echaquan en plus de joindre notre voix à ceux et celles qui réclament que justice soit faite.

Alors qu’elle était traitée, on lui administre de la morphine bien qu’elle souffre de problèmes cardiaques, ce qui met sa vie en danger. Elle en est consciente et appelle à l’aide. Ses appels, diffusés en direct sur Facebook, se heurtent au racisme primitif et rétrograde d’infirmières qui refusent de la prendre au sérieux et la laissent dans sa détresse. Elle décède par la suite.

Ce cas illustre le racisme dont sont victimes les peuples et nations autochtones au Canada et au Québec. De Val-d’Or à la Côte-Nord, les femmes autochtones ont courageusement brisé le silence contre des abus sexuels (entre autres) perpétrés impunément par les forces de police locales, donnant lieu à la Commission Viens. Cette commission exprime clairement que sur tous les plans, de la santé physique ou mentale à la justice, de l’espérance de vie au logement ou aux revenus, les peuples autochtones sont victimes d’un système public incapable de répondre à leurs besoins. La commission conclut que nous sommes tous et toutes responsables.

Le Rapport Viens a été déposé il y a environ un an, le rapport de l’Enquête nationale sur les femmes et filles autochtones disparues et assassinées également. Pourtant, aucune action concrète n’a été posée. François Legault a beau avouer pour la première fois qu’il existe du racisme au Québec et on a beau congédier une infirmière et une préposée aux bénéficiaires de l’hôpital de Joliette, il reste que le fond du problème demeure et va au-delà de cas spécifiques.

Dans sa reconnaissance du bout des lèvres de l’existence du racisme, Legault prend soin de ne pas parler de racisme systémique. Or, s’il est un cas où le caractère systémique du racisme est le plus criant, c’est bien celui du racisme envers les peuples et nations autochtones, car il prend racine dans le génocide historique dont ils sont victimes et dans l’oppression nationale qui en découle encore aujourd’hui. 

L’annulation de la rencontre entre MM. Legault et Picard, Chef de l’Assemblée des Premières Nations du Québec et du Labrador, moins que des questions sanitaires, a plutôt à voir avec le fait que les bases pour un dialogue entre les deux parties manquent, particulièrement lorsque le Premier Ministre refuse d’aborder la question du racisme systémique. Cette condescendance de la part de M. Legault, qui refuse de considérer le Chef Picard et les chefs Attikamekw comme dirigeants de nations – donc d’égal à égal – mérite d’être dénoncée. 

Communistes, nous savons que des actions urgentes sont nécessaires pour contrer le racisme systémique dont sont victimes les peuples et nations autochtones du Québec. En ce sens, nous appelons à ce que soient appliquées immédiatement toutes les recommandations des différents rapports d’enquête sur les peuples autochtones. Le temps n’est plus au questionnement, mais à l’action.

Nous savons aussi que toutes ces recommandations, même appliquées dans la meilleure foi, ne sauraient suffire afin de contrer l’injustice et le génocide historiques des peuples et nations autochtones. Tant que celles-ci ne seront pas maîtres de leurs ressources et de leur territoire, tant que ne leur sera pas garanti le droit à l’autodétermination, cette injustice sera perpétuée et sera source de racisme. Seulement à travers la garantie de ce droit à l’autodétermination pourrons-nous commencer à parler d’une relation « d’égal à égal », soit de « nation à nation » avec les peuples et nations autochtones.

Comité national, Parti communiste du Québec